Les lieux que Sœur Faustine a connu durant sa vie
Le parcours de la vie de sainte Soeur Faustine décrit les villages et les lieux les plus importants, où vécut cette Apôtre de la Divine Miséricorde. Plusieurs pèlerins les visitent, pour toucher de leur main ces lieux habités par sa présence et pour vivre une rencontre avec la Sainte, avec son expérience de Dieu et l’exemple de sa vie.
La carte géographique
Sur le parcours de la vie de sainte Soeur Faustine, on trouve :
1. Głogowiec – Świnice Warckie
2. Aleksandròw Łòdzki
3. Łódź
4. Ostrówek, Klembów
5. Varsovie
6. Skolimów
7. Kraków
8. Kiekrz
9. Płock – Biała
10. Częstochowa
11. Wilnius
12. Walendów – Derdy
13. Rabka
1. GŁOGOWIEC – ŚWINICE
Głogowiec
Dans lc lieu se rencontrent deux régions de la Pologne, Wielkopolska et Mazovie, dans les environs de Łęczyca, dans la paroisse de Swinice Warckie, se trouve un petit village : Głogowiec. C’est ici que Marianna et Stanislas Kowalski ont acheté quelques hectares de champ à la famille Olejniczak et en 1900 ont construit, avec la pierre typique de cette région, une maison modeste d’un étage, avec des bâtiments pour l’exploitation agricole.
Il n’y avait qu’une chambre à la maison, un corridor et une cuisine laquelle en hiver, servait d’atelier de bois pour le père. Dix enfants sont venus au monde dans cette maisonnette, petite, étroite, mais parmi eux le Prophète de notre temps portant au monde le message de la Miséricorde.
La famille des Kowalski vivait d’une petite exploitation agricole et du travail de menuiserie du père. Malgré la grande pauvreté de la famille et le manque d’argent, une grande spiritualité y régnait : au centre de la pièce se dressait un petit autel avec une croix et de petites statues de faïence du Sacré-Coeur de Jésus et du Coeur de Marie, des images sacrées au mur, ainsi qu’une petite bibliothèque avec des livres religieux. Dieu était à la première place dans cette maison, ce qui s’exprimait non seulement dans le décor, mais avant tout dans le quotidien, dans la prière, le travail, et le témoignage de la vie des parents. C’est dans une telle ambiance que grandit la petite Hélène Kowalska, imprégnée non seulement de la conscience du travail, mais avant tout de foi et d’amour envers Dieu et le prochain.
Aujourd’hui la maison familiale de sainte Soeur Faustine appartient à la paroisse qui en a fait un musée qui contient plusieurs objets et rendent le climat d’époque de la vie de la famille Kowalski. Le musée inclus, pour les besoins des pèlerins, les édifices de l’exploitation agricole ainsi que le terrain entourant la maison.
Świnice Warckie
Il y a environ 2 kilomètres de Głogowiec jusqu’à l’église paroissiale de Świnice Warckie. L’ancienne paroisse existait depuis plus de 700 ans.Le fondateur de la première église et de la campagne fut Jakub Świnka – archevêque de Gniezno, un des personnages éminents du Moyen Age. A l’époque de la division de la Pologne en plusieurs régions, il fut connu comme défenseur des valeurs polonaises, en recommandant au clergé que les sermons et les prières avec le peuple furent récités en langue maternelle.
La première mention de Świnice provient de 1301. Cette campagne située très près des parcours commerciaux, se développait rapidement car déjà en 1458 elle use de l’emblème de la famille de Jakub Świnka, connu par plusieurs pays d’Europe. Cet emblème représente la main d’une fille mise dans la gueule d’un sanglier ; la légende explique que c’était une sarmate qui en raison de sa foi chrétienne fut condamnée à être dévorée par un animal, mais elle lui a déchiré la gueule et ainsi sauva sa vie. Exceptée cette mention, Świnice a toujours été connu comme campagne. Au XIXe siècle on a ajouté à ce nom « Warckie », du fait de la proximité du fleuve Warta et à l’appartenance administrative à la Warta. La campagne, jusqu’au début du XVIe siècle appartenait aux archevêques de Gniezno, et ensuite à différentes familles : Byszewski, Umiński, Świnicki, Zaręba.
La première église en bois fut élevée sous le vocable de saint Gotard probablement en 1300 grâce à des fonds de l’archévêque Jakub Świnka. En 1592, on l’a remplacée par une nouvelle église en bois, et en 1828 on a construit une troisième église qui fut brûlée avec le presbytère, le clocher, le dispensaire pour les personnes agés et les édifices agricoles, quelques jours après la consécration. Depuis ce temps, le village de Świnice fut regroupé à une paroisse voisine, qui avait déjà sa chapelle.
L’église actuelle sous le vocable de saint Casimir (d’une famille royale), fondée par le propriétaire précédent de Świnice, Casimir Karwowski et les paroissiens, date de 1859. A l’intérieur de l’église, dans le chœur et il y a trois autels baroques. Il y a actuellement, au dessus de l’autel principal, l’image de Jésus Miséricordieux (don de l’Association « Faustinum »). Auparavant, s’y trouvait l’image de Notre-Dame de Częstochowa, transférée à l’autel latéral de gauche. L’image de sainte Soeur Faustine fut placée sur l’autel latéral de droite. L’image du Saint Patron de cette église, Casimir, a été transférée sur la partie supérieure de cet autel. C’est justement là-bas que se trouve un reliquaire ornemental de sainte Soeur Faustine et les fonds baptismaux sur lesquels elle fut baptisée.
Dans cette église Hélène Kowalska priait, participait à l’Eucharistie, aux célébrations liturgiques avec l’exposition du Très Saint Sacrament, c’est ici qu’elle se confessait. Il est resté un confessional, témoin muet de son enfance, de ses rencontres avec Dieu dans ce sacrement de miséricorde. Dans cette église, à l’âge de 7 ans, elle a expérimenté, un jour pendant les vêpres, pour la première fois de manière tangible, l’amour miséricordieux de Dieu, ce que, après des années, elle a compris comme un appel au service de Dieu.
Après des années, alors religieuse, elle est revenue dans cette église , à l’occasion d’une visite à sa mère gravement malade.
Comme il était bon de prier dans cette petite église ! Je me suis rappelé toutes les grâces que j’ ai reçues ici, grâces que je ne comprenais pas alors et dont j’ ai si souvent abusé ; je me suis étonnée d’ avoir été aveugle à ce point. Pendant que je méditais ainsi et que je me désolais de mon aveuglement, j’ ai soudain vu le Seigneur Jésus, rayonnant d’ une beauté ineffable. Il m’ a dit avec bienveillance : « Mon élue, je t’ accorderai des grâces plus grandes encore pour que tu sois le témoin de mon infinie miséricorde pendant toute l’ éternité. » (P.J. 400).
Après la béatification et la canonisation de Soeur Faustine, on a commencé à s’intéresser plus sérieusement à sa région natale. Le 25 septembre 2002, l’évêque de Włocławek, Bronisław Dembowski a élevé cette église au rang de Sanctuaire diocésain du Baptême et de la Naissance de sainte Soeur Faustine.
En l’année 2005, on a commencé la construction d’un agrandissement de l’église, près de laquelle la Congrégation des Soeurs de Notre-Dame de la Miséricorde, a bâti un Couvent contemplatif, afin que le désir de Jésus de proclamer au monde le message de l’amour miséricordieux de Dieu envers l’homme puisse être accompli par la prière et le sacrifice.
écrit par s. M.Elżbieta Siepak ISMM
« Orędzie Milosierdzia » (« Message de Miséricorde »), n° 61 (2007), pages 10-11.
2. ALEKSANDRÓW ŁÓDZKI
Les environs de ce village peuvent se vanter d’une longue et intéressante histoire et même préhistoire, qui remonte à 6.000 ans avant notre ère, dont parlent les découvertes des archéologues. Ce qui nous intéresse c’est la fondation du village même et sa vie au début du XX-ème siècle, car Hélène Kowalska y vivait justement à cette époque.
Le fondateur du village fut Rafał Bratoszewski, noble polonais portant l’emblème Sulima, a acheté vers l’année 1798, la terre de Brużyca Wielka, près de Zgierz, terrain avec la terre peu féconde, plutôt de sable et couvert de peu de forêt. Il a décidé de fonder, sur la colline près de la route de Zgierz, un nouveau bourg, Lutomiersk, vers l’année 1816, et une industrie de tissus de laine. Bernard von Schuttenbach, mandé par le fondateur, a élaboré un projet d’architecture pour ce bourg industriel contenant : une large place de marché avec hôtel de ville, églises, ainsi qu’un réseau de rues perpendiculaires dans lesquels il conçoit des abris d’un étage en bois pour les tisseurs. La même année fût construite une église catholique sous le vocable de saint Raphaël Archange (en l’honneur du fondateur du bourg et de l’église). Après deux ans pour construire cette église, on bâtit l’hôtel de ville, puis d’autres édifices d’utilité publique, ainsi qu’un Temple pour un groupe d’allemands protestants nouvellement arrivés.
Le 22 mars 1822, le Conseil Administratif du Royaume de Pologne a attribué au bourg les droits d’une ville et le nom d’Aleksandrów en l’honneur à la fois d’un tsar de Russie régnant alors, et un roi de Pologne, Alexandre I, qui avait vaincu Napoléon. Le fait d’attribuer les droits de la ville et l’emblème (une lettre « A » au mur = village d’Alexandre) a augmenté le rang du bourg qui a commencé à se développer rapidement (plus rapidement que Łódz et Zgierz) devenant un centre important de tissage. Les tissus étaient produits en grosse quantité à destination des soldats, des habitants du bourg et pour l’exportation. Au début du XIX siècle à Aleksandrów, travaillaient 200 foulons, teinturiers, producteurs du tissu et métiers associés.
Après la mort de Rafał Bratoszewski (en 1824), c’est la famille Kossowski, (l’emblème Dołęga) qui sont devenus propriétaires d’Aleksandrów, grâce au mariage de leur unique fille Julie. Cette famille qui ne se souciait ni du village, ni de son développement, tâchait d’en tirer le plus de profit possible. De grands événements historiques, l’engagement des habitants du village en deux insurrections importantes pour la Pologne (celles de 1848 et de 1863) ont bien contribué à la chute du village, qui finit par perdre ses droits de ville en 1869.
Quand Hélène Kowalska arrive à Aleksandrów, le village comptait plus de 8200 habitants, (34% de Polonais catholiques, 37% d’allemands, en majorité protestants et 29 % de Juifs). Les juifs y possédaient un centre rabbinique important. Le bourg, bien qu’ayant perdu ses droits de village, restait malgré tout un centre important d’industrie textile, et d’industrie du tricot. Dès le début de la fondation du village, on utilisait le nom d’ Aleksandrów Fabryczny ou Łęczycki, mais après l’obtention des droits de village en 1924, on a commencé à dire : Łódzki et ce nom est employé jusqu’ici.
Chez les Bryszewski
Les Bryszewski ont acheté un emplacement non loin de la place du marché, au 30 rue Parzęczewska (aujourd’hui 7 rue du 1er Mai) . Ils y ont établi une boulangerie, au rez-de–chaussé d’une maison neuve. Il y eut aussi une autre boulangerie, dans la cour, où ils embauchaient des ouvriers. Peu après sur ce même emplacement, ils ont construit une nouvelle extension de la maison. Leur fils unique, Zenon, est né en 1915, ils ont cherché alors une personne pour s’occuper de la maison et de leur enfant. Hélène Kowalska est arrivée chez eux en 1921, recommandée par une soeur de Mme Bryszewska, Janine Ługowska, qui connaissait bien la famille des Kowalski, car elle habitait avec son mari à Rogów, village voisin de Głogowiec.
Zénon Bryszewski, après des années, se souvient : Au magasin, maman s’occupait des clients et Hélène faisait le ménage, aidait à faire la cuisine, était obligée de faire la vaisselle, de vider la poubelle, d’apporter de l’eau car il n’y avait pas d’eau courante. Elle apportait à manger aux ouvriers de la boulangerie, car les parents les nourrissaient. Et quand le temps le lui permettait, elle jouait avec moi. Cependant elle devait être très occupée par le travail, car il y avait en plus des quatre pièces de la maison, le magasin et la boulangerie.
Le petit Zénon devait donc attendre longtemps avant qu’Hélène ait un peu de temps libre pour venir lui raconter des histoires ou lui lire des contes. Il y avait par exemple, l’histoire d’un héritier qui revenait (comme un fantôme) après sa mort, et des gens l’avait vu. Hélène s’asseyait sur le lit où elle dormait, à la cuisine près d’une fenêtre; en prenant dans ses bras le petit fils des Bryszewski, ou bien c’était lui qui était assis sur une petite chaise près d’elle et ils se parlaient comme ça ensemble. C’était bien sûr, Hélène qui lui racontait des histoires et bien content le petit Zenek, l’écoutait. Dans la soirée tous les membres de la famille s’agenouillaient pour prier, et en octobre tous récitaient le rosaire.
Les dimanches et fêtes, ils allaient à l’église Saint Raphaël, qui avait alors une nef et pas de tour. Il est probable que c’est dans cette église, qu’Hélène fut confirmée car en ce temps-là, l’évêque visitait la paroisse, et y administrait le sacrement de confirmation.
Lors de son séjour d’une année chez les Bryszewski, Hélène y a vécu un événement important qui a influencé considérablement l’affermissement de sa vocation religieuse. C’est à travers une fenêtre de la cuisine, qu’Hélène a vu une grande clarté. Elle cru alors selon toute logique, qu’il y avait un incendie à la maison, elle a donc commencé à crier au moment où les boulangers mettaient le pain dans le four. Ils sont donc sortis dans la cour, mais fausse alarme, il n’y avait aucun incendie. Hélène fut profondément choquée par cet événement; on dû appeler un médecin, et ensuite prévenir ses parents. Les parents, inquiets, ont envoyé la plus grande soeur, Joséphine pour qu’elle enquête. Mais Hélène, questionnée sur cet événement, a répondu qu’elle avait vu une clarté, sans vouloir dire en dire plus. Elle a uniquement demandé de dire aux parents qu’elle n’était pas folle et qu’elle ne resterait pas longtemps dans cette maison.
Peu après cet événement, elle a définitivement quitté Aleksandrów, est revenue à Głogowiec pour demander à ses parents la permission d’entrer au couvent.
Quelques mois après la béatification de Soeur Faustine, le 27 septembre 1993, on a mis, sur le mur de la maison des Bryszewski, une plaque commémorant le séjour d’Hélène Kowalska en ce lieu. La plaque fut payée par le Curé et les adorateurs de la Divine Miséricorde.
Ecrit par s. M. Elżbieta Siepak ISMM
___________________
„Message de Miséricorde“, n°62 (2007), pp.10-11.
3. ŁÒDZ
Pour aller plus loin : le site Les parcours de sainte Soeur Faustine – à Łódz
4.OSTRÓWEK – la commune KLEMBOW
Hélène Kowalska est arrivée à Ostrówek en juillet 1924. Elle était logée à la maison des Lipszyc et y travaillait comme domestique. C’est de là qu’elle sortait pour trouver un couvent qui l’accueillerait à Varsovie et c’est là qu’elle travaillât toute une année pour se constituer une modeste dot. Mme Aldona Lipszyc raccontait qu’Hélène accomplissait parfaitement les tâches qui lui étaient confiées, qu’elle y fut considérée comme un membre de leur famille, et c’est pourquoi, il fut difficile pour Hélène de les quitter après une année de travail. Ils se souvenaient d’Hélène chantait souvent le chant suivant : « Je vais adorer Jésus caché dans le Très Saint-Sacrement ».
Elle allait à l’église à Klembów pour assister à la sainte Messe et aux célébrations liturgiques. En juin 1925, elle y prononçât le vœu privé de chasteté. Elle décrit ainsi cet événement dans le « Petit Journal » : C’ était pendant l’ octave de la Fête-Dieu. Dieu a rempli mon âme d’ une lumière intérieure qui m’ a permis une connaissance plus profonde de lui en tant que Bien suprême et suprême Beauté. J’ ai compris combien Dieu m’ aimait. Que son amour pour moi était éternel. Pendant les vêpres, avec des mots simples qui venaient du coeur, j’ ai fait à Dieu voeu de chasteté perpétuelle. A partir de ce moment, j’ ai senti une plus grande intimité avec Dieu, mon Époux. A partir de ce moment, j’ ai construit une petite cellule dans mon coeur où j’ ai toujours demeuré avec Jésus (Petit Journal, 16).
L’Eglise qui « devait se souvenir » de cet événement, provient de la première moitié du XIX siècle, bâtie en style classique dans les années 1823-1829 par le général Franciszek Zymierski, héritier des biens de Klembów, se situant sur le lieu même où la première église fut brûlée au cours de l’insurrection de Kościuszko.
La première église en bois sous le vocable de saint Clément provient du XIV siècle alors que Klembów appartenait encore aux princes de Mazovie. Depuis 1862, Klembów était une station de train sur la ligne Varsovie – Saint Petersbourg.
La campagne Ostrówek constitue aujourd’hui le plus grand village de la commune Klembów, voivodie de Mazovie. Elle est située à 36 kilomètres de Varsovie sur le terrain Równina Wołominska (la Plaine de Wolomin), Kotlina Warszawska (Vallée de Varsovie) et Nizina Mazowiecka, dans les forêts où se trouve une réserve de chênes protégés « Dębina ». Ostrówek appartenait à la paroisse saint Clément à Klembów.
Actuellement le village possède sa propre paroisse et l’église Notre-Dame, Mère de l’Eglise, construite dans les années 1982-1985.
5. VARSOVIE
On pourrait, dans cette ville, élaborer un parcours de l’Apôtre de la Divine Miséricorde, car ce n’est pas seulement le couvent des Soeurs de Notre-Dame de la Miséricorde rue Zytnia et l’ancienne chapelle de la Congrégation (aujourd’hui paroisse de la Miséricorde Divine) qui sont liées au personnage de sainte Faustine, mais d’autres lieux importants marqués aussi par sa présence .
En général, le premier lieu foulé par les pieds de la Sainte, fut l’ancienne gare : Warszawa Główna (Varsovie Principale), actuellement un Musée de Chemins de Fer (1 rue Towarowa). On y a gardé, entre autres, les horaires de trains où l’on pouvait vérifier les arrivées des trains de Łódz. Dans une journée il y avait plusieurs arrivées car la ligne reliant le grand centre industriel que fut Lódz et la capitale du pays, était importante. Vraisemblablement, Hélène Kowalska est arrivée à Varsovie en 1924, par le train arrivant à 17 h 35. Elle le confirme, quand elle écrit dans son « Petit Journal » les paroles suivantes : Quand je suis descendue du train et que j’ ai vu tous les voyageurs se disperser, prenant chacun son chemin, j’ ai été saisie de frayeur. Que faire ? A qui m’ adresser, alors que je ne connaissais personne ? J’ ai dit à la Mère de Dieu : « Marie, conduis-moi, dirige-moi. » Aussitôt, j’ ai entendu dans mon âme que je devais quitter la ville et aller dans un village où je pourrais passer la nuit en sécurité. C’ est ce que j’ ai fait et tout a été comme la Sainte Mère de Dieu me l’ avait dit (Petit Journal, 11). Il est certain que si la Mère de Dieu lui indiquait un logement sûr en dehors de la ville, on était le soir.
A l’église Saint Jacques
Près de la rue Nowogrodzka, en face de la Gare Principale, il y avait un arrêt. La ligne du Chemin de Fer de Varsovie, désservait les stations suivantes : Warszawa Główna, Warszawa Towarowa, Włochy, Utrata, Pruszkow, à travers Milanówek, Grodzisk, jusqu’à Skierniewice. Hélène Kowalska a surement dû profiter de ce chemin de fer, pour arriver à campagne la plus proche (on ne sait pas laquelle) et le lendemain matin elle est descendue près de l’église Saint Jacques, auprès de laquelle se trouvait un arrêt. Le lendemain, je suis revenue en ville de très bonne heure. Je suis entrée dans la premiere église qui se trouvait sur mon chemin et je me suis mise à prier pour connaître la volonté de Dieu. Les saintes messes se succédaient. Pendant l’ une d’ elles, j’ ai entendu ces paroles: « Va voir ce prêtre, raconte-lui tout, et il te dira ce que tu dois faire. » A la fin de la messe je me suis rendue à la sacristie, je lui ai dit tout ce qui s’ était passé dans mon âme et je l’ ai prié de m’ indiquer un couvent dans lequel je pourrais entrer (Petit Journal, 12).
C’était l’abbé Jacques Dąbrowski qui travaillait avant à Klembów et c’est là-bas qu’il avait connu la famille Lipszyc qui habitait à Ostrówek. Ayant parlé avec Hélène Kowalska, il lui a conseillé d’aller habiter chez les Lipszyc qui cherchaient quelqu’un pour s’occuper de leurs enfants. L’abbé lui a donné une lettre de recommandation ses amis en écrivant qu’il ne la connaissait pas, mais qu’il leur souhaitait qu’elle fût capable de remplir cette tâche.
L’église sous le vocable Saint Jacques dans le quartier Ochota, près de la rue Grójecka 38, se trouvait alors dans la première phase de la construction, commencée en 1918, après l’érection de la paroisse par l’archevêque Aleksander Kakowski. L’église, avec une tour bien caractéristique, et une base carrée, selon le projet d’Oscar Sosnowski, fut terminée en 1939. Cette église, construite en style néo-romain, possède trois nefs. Après les chapelles latérales, il y avait une chapelle dédiée à Notre-Dame, et une autre au Très Saint Sacrement. Pendant l’Insurrection de Varsovie, l’église fut très abîmée et durant un bombardement le premier curé de la paroisse, l’abbé Jacques Dąbrowski, y fut tué. Après la guerre, l’église fut reconstruite et ensuite consacrée par le Card. Stéphane Wyszynski (en 1960).
Au Couvent rue Żytnia
En juillet 1924, Hélène Kowalska est entrée chez les Sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde dans leur Couvent, rue Żytnia et après avoir parlé avec la supérieure de la Maison, Mère Michèle Moraczewska, elle fut admise à entrer dans la Congrégation. Cependant, faute d’avoir une dot suffisante, elle a dû travailler pendant une année comme domestique chez la famille Lipszyc à Ostrówek. Le 1 août 1925, elle franchit le seuil de la clôture de la Maison qui fut le berceau de la Congrégation. C’est ici que Mère Thérèse Ewa, Comtesse Potocka, de la famille des princes Sułkowski, a fondé la première Maison de Miséricorde, consacrée ensuite par l’archevêque Zygmunt Szczesny Feliński le 1 novembre 1862. C’est dans ce couvent que Soeur Faustine a passé une partie de son postulat, son iuniorat, et la III-ème probation, c’est ici qu’elle résidait quand elle changeait des postes de travail dans les diverses maisons ou bien quand elle devait parler à la Mère generale.
Dans ce couvent il y a eu tout d’abord une petite chapelle en bois, mais il s’est avéré rapidement qu’elle était trop étroite pour les sœurs et leurs élèves. C’est pourquoi on en a bâti une autre, plus large, en ciment, qui fut consacrée le 8 décembre 1873. C’est justement ici qu’était entrée Hélène Kowalska, pour demander au Seigneur de cette Maison s’Il l’acceptait là. La chapelle fut entièrement reconstruite encore du vivant de Soeur Faustine, avant la II-ème guerre mondiale, ensuite consacrée le 6 août 1938 par l’évêque Stanisław Gall. Ensuite , on y a déposé en 1942, l’image de Jésus Miséricordieux peinte par Stanisław Batowski. Les Soeurs, durant la II guerre mondiale, aidaient la population, également celle d’origine juive. Plusieurs occasions s’y présentaient, compte-tenu de la proximité du Ghetto juif. Après la chute de l’Insurrection de Varsovie, les Soeurs avec les élèves furent transportées aux camps de concentration, tandis que le Couvent avec la chapelle furent brûlés par les Allemands.
Pendant plusieurs années après la guerre, les autorités communistes n’ont pas donné l’autorisation de reconstruire la chapelle et le Couvent de la Maison Générale de la Congrégation Notre-Dame de la Miséricorde. Seulement par un acte du 15 décembre 1980, le cardinal Stefan Wyszynski a pu érigé une chapelle de la Miséricorde Divine, en lui attribuant le titre d’église paroissiale. En l’année 1998, on a ajouté au vocable de la paroisse le prénom de la Bienheureuse et ensuite de Sainte Faustine. Il y a, au choeur de l’église, un tableau de Jésus Miséricordieux, celui a pérégriné à travers toutes les paroisses de l’Archidiocèse de Varsovie avant le Grand Jubilé de l’année 2000.
Les Soeurs ont reconstruit également leur Couvent, qui remplit actuellement la fonction de Maison Générale de la Congrégation.
Le Couvent – quartier « Grochów » (Varsovie)
En l’année 1929, Sœur Faustine fut envoyée dans un autre couvent de la Congrégation, bâtie également à Varsovie, situé dans le quartier Grochów, 44 rue Hetmańska. Au même moment, la Congrégation a acheté un terrain de 2 hectares, à la périphérie de Varsovie, en vue d’y installer une maison de repos pour les soeurs et les élèves de la Maison de la rue Żytnia. En 1927, on y a bâti un baraquement provisoire, et ensuite on y a aménagé un jardin et une véranda. Les habitants du quartier venaient pour aider les soeurs, ainsi que leur plus proche voisin Antoni Dobraczyński. Au début, peu de sœurs y résidaient. Les autres soeurs et les élèves y venaient seulement pour une courte période. En juin 1929, Sœur Faustine y fut affectée pour y travailler. Elle venait de terminer son emploi de cuisinière à Vilnius. Elle n’y est pas restée très longtemps, car le 7 juillet de la même année, elle fut envoyée au Couvent de Kiekrz, afin d’y remplacer une soeur cuisinière malade. Malgré son séjour si court à Kiekrz, Soeur Faustine fut capable de marquer durablement les cœurs des élèves qui ont voulu l’accompagner jusqu’à sa nouvelle affectation. Sœur Faustine décrit dans son « Petit Journal » au n° 42, un petit épisode d’une journée de Noël, qui se passe dans le quartier de « Grochów » alors qu’elle travaillait à la Maison rue Żytnia à Varsovie.
Aujourd’hui les Soeurs du quartier de « Grochow », y dirigent une Maison de Retraite pour des femmes seules et agées. Il y a un tableau de Jésus Miséricordieux peint par Ludomir Slendziński (en 1954), à la chapelle du Couvent. C’est celui-ci qui a gagné le concours organisé par l’abbé Michel Sopoćko et qui fut ensuite accepté pour le culte public, par la Conférence Episcopale de Pologne. Le tableau peint par Hélène Tchórzewska en vue de la béatification et la canonisation de sainte Soeur Faustine, se trouve actuellement à la Chapelle de la Maison de Retraite à Grochów.
A la chapelle des Soeurs de la Famille de Marie, rue Żelazna
A proximité du Couvent des Soeurs de Notre-Dame de la Miséricorde, au 3-9 rue Żytnia à Varsovie, se trouve un couvent appartenant à la Congrégation des Sœurs de la Famille de Marie (à l’entrée de la rue Żelazna), avec une chapelle où l’on entre du côté de la rue Zytnia. Sainte Soeur Faustine y a prié au moins une fois, en l’année 1932, quand elle est venue à Varsovie afin de commencer sa troisième probation avant ses voeux perpétuels. Une année plus tard, Jésus lui communiquait dans des révélations, sa grande mission de diffuser le culte de la Miséricorde : par la peinture d’une icône ainsi que par l’institution de la fête de la Miséricorde dans l’Eglise universelle. Sœur Faustine qui remplissait au couvent la tâche de la cuisinière, ne se sentit pas capable afin de remplir la mission de diffusion du culte de la Miséricorde, c’est pourquoi elle pensât fuir cette tâche si importante. Un soir, en compagnie d’ une de nos soeurs, je suis allée à une adoration chez les Soeurs de la Sainte Famille. Dès que je suis entrée dans la petite chapelle, la présence de Dieu a imprégné mon âme. J’ ai prié, comme cela m’ arrive à certains moments, sans prononcer une parole. Soudain, j’ ai vu le Seigneur. Il m’ a dit : « Sache que si tu négliges la peinture de ce tableau et toute l’ oeuvre de la miséricorde, tu devras rendre compte d’ un grand nombre d’ âmes le jour du jugement. » A ces mots, mon âme a été saisie de crainte et d’ angoisse. Je ne parvenais pas a me calmer. Voilà comment ces paroles résonnaient à mes oreilles: « Ainsi, le jour du jugement, je ne dois pas seulement rendre compte de moi-même, mais aussi d’ autres âmes. » Et ces paroles se sont profondément gravées dans mon coeur. Quand je suis rentrée à la maison (…) je suis tombée la face contre terre devant le Très Saint Sacrement et j’ ai dit au Seigneur : « Je ferai tout mon possible, mais je t’ en supplie, sois toujours avec moi et donne-moi la force d’ accomplir ta sainte volonté, parce que tu peux tout, alors que moi, je ne peux rien par moi-même. » (P.J. 154).
Elaboré par s. M. Elżbieta Siepak ISMM
6. SKOLIMÓW
Sœur Faustine a séjourné comme postulante, dans ce village près de Varsovie, au début de son entrée dans la Congrégation. Les supérieures l’ont envoyée là vers la fin août 1925, avec deux autres sœurs, pour une cure. La Congrégation y louait une grande maison, destinée au repos des sœurs et des élèves. Il est difficile aujourd’hui de localiser cette maison où Sœur Faustine habita. Elle allait également à l’église paroissiale, et assistait chaque jour à l’Eucharistie. Il y a dans son « Petit Journal « une vision qui concerne cette période, décrite par la Sainte. Cette vision concerne le purgatoire (P.J. 20).
Skolimów est une campagne chevaleresque du XV siècle, actuellement c’est un quartier de Konstancin-Jeziorna dans la voïvodie de Mazovie, district de Piaseczno. La campagne y est propice à passer des vacances. On y a bâti plusieurs « villas », le long des rues, parmi les arbres. On y a édifié également l’église sous le vocable de Notre-Dame des Anges, au début du XX siècle (1903), grâce aux habitants et voisins d’autres « villa », non seulement des catholiques, mais aussi des protestants et des juifs.
7. CRACOVIE
« Le parcours de sainte sœur Faustine à Cracovie »
8. KIEKRZ
9. PŁOCK – BIAŁA
A Plock
En suivant les pas de sainte sœur Faustine, nous arrivons à Płock, une ville où sa grande mission prophétique a commencé. Elle est arrivée à la Maison de la Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde à Płock, au n°14-18 Stary Rynek en mai ou juin 1930. Il y avait à Płock un établissement dit de « l’Ange Gardien » où habitaient des jeunes filles déchues, dirigées par les Sœurs. Ce fut grâce au Bienheureux évêque Antoni Julian Nowowiejski et à mère Kolumba Łabanowska que cette œuvre de miséricorde a pu commencer en ce lieu. Cet évêque, alors encore prêtre, a fondé un Institut pour les filles pauvres, ainsi qu’un Institut religieux « l’Amour de Dieu » pour y mener un travail éducatif. Cet Institut religieux a fusionné, en 1899, avec la Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde qui avait déjà une expérience dans ce type de travail apostolique. Depuis cette époque, l’établissement « l’Ange Gardien » s’est bien développé. Au début, l’œuvre a démarré avec environ 50 filles-pénitentes, puis s’est ouvert une autre implantation à Biała, près de Płock, jusqu’à 100 filles-élèves, qui, selon leurs aptitudes, ont travaillé à la lessive, à la couture, à la broderie, ou à l’exploitation agricole à Biała. La vie des sœurs et des pupilles fut concentrée autour de la prière et du travail qui a donné des fonds pour soutenir cet établissement de rééducation qui préparait les filles à une vie digne au sein de la société. L’établissement jouissait de la popularité de l’Eglise, des autorités de la Ville et des habitants de Płock. L’archevêque Julian Nowowiejski fut un grand protecteur et ami de la Maison. Un livre qu’il a écrit en témoigne, imprimé sous le titre : « L’Histoire de l’Institut de Notre-Dame de la Miséricorde ».
En 1918, ce fut l’abbé Achilles Ratti, futur pape Pie XI, qui visita ce monastère et l’établissement « l’Ange Gardien ».
C’est justement ici que la mère générale Michela a envoyé sœur Faustine, pour qu’elle y travaille à la boulangerie. « Les circonstances se succédaient de cette manière, a essayé d’expliquer la mère Michela, qu’il y avait une nécessité de transférer sœur Faustine d’une Maison à une autre. Ainsi elle a travaillé dans presque chaque maison de la Congrégation. Après son court séjour à Varsovie, rue Zytnia et à Grochów, elle fut envoyée à Płock, puis peu de temps après, à Biała qui fut une annexe agricole de la maison de Płock. La tâche principale de sœur Faustine, jusqu’au temps de la troisième probation, fut le travail à la boulangerie : vendre le pain fait par une boulangerie de la ville. Bien des habitants de la ville venaient ici pour faire leurs achats dans ce magasin. Ils ont souvenir de Sœur Faustine, comme une personne aimable et bienveillante. Certaines personnes, après de longues années, se souvenaient d’une sœur qui, avec sa main, leur passait un bon pain ou de petits pains. Les souvenirs des sœurs disent également que sœur Faustine, en cas de besoin, remplaçait d’autres sœurs, à la cuisine ou à la boulangerie.
Le Couvent des sœurs à Płock est situé auprès de la Vistule, dans la partie ancienne de cette ville possédant un historique très riche qui remonte au X-XIème siècle. A cette époque-là, on y construisit un village en bois pour devenir le centre administratif de la famille Piast. En 1075, le diocèse de Płock fut érigé, puis en 1144 on a édifié une église cathédrale où se trouvent les tombeaux des rois de Pologne : Ladislas Herman et Boleslas Krzywousty. Sous le porche de la cathédrale il y a une copie de la fameuse « Porte de Płock » de bronze, exécutée à Magdebourg en 1154. Même les murs du château des princes et l’abbaye des Bénédictins se trouvant là, parlent de l’histoire de cette ville.
Il y a également à Płock, sur la Place du Marché et dans les anciennes rues, plusieurs édifices historiques, notamment l’hôtel de ville, lieu de la dernière séance de la Diète du Royaume de Pologne, en 1831, qui est resté, jusqu’à aujourd’hui, le siège des autorités de la ville. L’église, sous le vocable de St Barthélemy, remonte à 1356. Elle a des origines gothiques, fut reconstruite plusieurs fois dans son histoire, en particulier après la chute du terrain voisin dans la Vistule. On y a bâti de nouveau une entrée de style baroque, du côté de la Place du marché. On peut supposer que sainte Faustine traversait ces lieux, car les sœurs du couvent, près de la Place du marché, ont participé aux solennités célébrées à la cathédrale ou à l’église de St Barthélémy, leur église paroissiale. Sœur Faustine a pu également regarder, de la fenêtre de sa chambre, la plus ancienne école secondaire en Pologne, la célèbre « Małachowianka » dont les origines remontent en 1180. Dans le sous-sol d’une aile médiévale de cet édifice, se trouve le musée de l’école avec des fragments d’architecture romaine et gothique ; il y a également un observatoire astronomique dans la tour gothique.
En cette ville, au Couvent situé près de « Stary Rynek », eut lieu un événement historique pour le culte de la Divine Miséricorde, à savoir la première révélation de Jésus Miséricordieux, qui a ouvert la mission publique de sœur Faustine. Elle la décrit de la façon suivante, dans son « Petit Journal » : Ce soir, alors que j’ étais dans ma cellule, j’ ai vu le Seigneur Jésus revêtu d’ une tunique blanche. Il avait une main levée pour bénir et de l’ autre il écartait son vêtement sur sa poitrine. De sa tunique entrouverte jaillissaient deux grands rayons, l’ un rouge et l’ autre translucide. Je contemplais le Seigneur en silence, l’ âme saisie de crainte, mais aussi remplie d’ une immense joie. Au bout d’ un instant, Jésus m’ a dit: « Peins un tableau selon le modèle que tu vois, avec l’ inscription: Jésus, j’ ai confiance en toi. Je désire que l’ on vénère ce tableau d’ abord dans votre chapelle, puis dans le monde entier. Je promets que l’ âme qui vénérera ce tableau ne sera pas perdue. Je lui promets aussi la victoire sur ses ennemis dès ici-bas, et particulièrement à l’ heure de la mort. Je la défendrai moi-même comme ma propre gloire. » (P.J. 47-48). Cet événement fut commémoré par une statue de Jésus Miséricordieux dressée sur le lieu même où se trouvaient auparavant, les habitations des sœurs. De ce lieu, les sœurs ont organisé un musée, au sous-sol. Il montre aux visiteurs l’histoire du couvent de Płock, la vie et le travail des religieuses, grâce aux photos et aux objets exposés, et surtout grâce à une véritable boulangerie dans laquelle Sœur Faustine venait de temps en temps y travailler.
C’est dans ce couvent que sœur Faustine a entendu le désir de Jésus d’instituer la Fête de la Miséricorde le premier dimanche après Pâques. Nous savons par sa biographie et par son « Petit Journal » combien de peines et de difficultés elle dut endurer afin de remplir fidèlement les diverses recommandations de Jésus. C’est ici justement, dans ce cloître, que commença ce « parcours exceptionnel » durant lequel Jésus communiquait à sœur Faustine sa mission prophétique de rappeler au monde la vérité sur Son amour miséricordieux envers chaque homme.
En 1950, les autorités communistes déportèrent les sœurs du couvent de Płock pour la maison annexe à Biała (non loin de Płock) et ont saisi l’édifice du couvent avec l’établissement « l’Ange Gardien ». Quarante ans plus tard, la Congrégation récupéra l’édifice, presque ruiné, et le fit reconstruire avec l’aide de la Municipalité de la Ville et des bienfaiteurs.
Dès que les sœurs revinrent à Płock, elles ouvrirent une chapelle, et recommencèrent à diffuser le culte de la Divine Miséricorde.
En l’Année Jubilaire 2000, la chapelle des sœurs a obtenu le rang de Sanctuaire diocésain de la Divine Miséricorde, grâce à l’archevêque Stanislas Wielgus.
La chapelle est devenue un lieu de proclamation et d’imploration de la miséricorde pour le monde entier, un lieu de pèlerinage des fidèles de notre pays et de l’étranger. Actuellement, on fait les projets de construction d’une église pour le Sanctuaire, dans le lieu des apparitions, ainsi que d’autres édifices pour les pèlerins, pour la formation des apôtres de la Divine Miséricorde, ainsi qu’une œuvre de charité pour ceux qui ont besoin d’une aide morale.
s. M. Elżbieta Siepak ISMM
____________________________
„Le message de la Miséricorde, n° 66 (2008), pages :10-11.
A Biała
Sainte sœur Faustine passa dans cette Maison pour un certain temps en 1930, alors qu’elle séjournait à Płock. Nous savons bien qu’elle devait orner la chapelle de fleurs, en remplacement de sœur Tekla. Un jour, écrit-elle dans son « Petit Journal ». Un jour, – écrit-elle dans son « Petit Journal » j’ ai cueilli les plus belles roses pour orner la chambre d’ une personne. En m’ approchant de la galerie, j’ ai vu que le Seigneur Jésus s’ y tenait. Il m’ a demandé avec bienveillance : « Ma fille, à qui portes-tu ces fleurs ? » J’ ai répondu au Seigneur par le silence, car je me suis aperçue au même moment que j’ éprouvais pour cette personne un attachement très subtil dont je ne m’ étais pas rendu compte auparavant. Jésus a disparu aussitôt et moi, j’ ai immédiatement jeté les fleurs par terre et je suis allée devant le Très Saint Sacrement, le coeur plein de reconnaissance pour avoir reçu la grâce de me connaître moi-même (Petit Journal, 71).
La région de Biała est située à 10km de Płock. La Congrégation y a acheté, en 1928, 45 hectares de terre (plutôt peu féconde) avec des bâtiments abîmés, en pensant y créer des bâtiments agricoles pour le couvent de Płock et pour l’établissement « l’Ange Gardien ». Une année plus tard, l’édifice avec la chapelle, sont restaurés puis consacrés, ils constituent une annexe du couvent de Płock. Les sœurs avec les élèves, travaillèrent dans cette exploitation agricole, en procurant à Płock du blé, du lait, de la viande et des légumes. Le 22 juin 1950, après que les autorités communistes expulsèrent les sœurs du couvent de Plock et de l’édifice « l’Ange Gardien », elles se réfugièrent à Biała. Au cours de la même année, les communistes confisquèrent également une grande partie du terrain des sœurs à Biała, leur laissant un peu de terrain avec des bâtiments. La maison de Biała est donc devenue un couvent autonome (le bâtiment est nouveau). On y créa ensuite, un refuge pour des mères célibataires.
10. CZĘSTOCHOWA
La gare ferroviaire, le couvent de la Congrégation, au n°9-11 rue Sw.Barbary, la montagne de Jasna Gόra, sont des lieux de Częstochowa que sainte sœur Faustine a parcourus. La première fois elle y est venue de passage, après avoir prononcé ses vœux perpétuels, en allant de Cracovie à Vilnius. Ce fut vers la fin du mois de mai 1933. J’ ai reçu la permission de m’ arrêter au sanctuaire de Częstochowa – nota-t-elle dans son « Petit Journal » – J’ ai vu pour la première fois la Vierge Marie quand je suis allée à cinq heures du matin assister au dévoilement de l’ icône. J’ ai prié sans interruption jusqu’ à onze heures, mais il me semblait que je venais à peine d’ entrer. La mère supérieure de la maison de Częstochowa a envoyé une soeur me chercher pour je vienne prendre le petit-déjeuner. Elle craignait que je manque mon train. La Mère de Dieu m’ a dit beaucoup de choses. Je lui ai offert mes voeux perpétuels ; j’ ai senti que j’ étais son enfant et qu’ elle était ma Mère. Elle ne m’ a rien refusé de ce que je lui ai demandé (P.J. 260).
La deuxième fois, sœur Faustine y est arrivée début novembre 1935, quand elle est retournée à Vilnius, après avoir fait une retraite à Cracovie. Elle n’en a presque pas laissé de trace dans son Journal, sauf que ce fut samedi et qu’elle priait devant l’Image Miraculeuse de la Mère de Dieu à Jasna Góra.
La ville de Częstochowa fut probablement bâtie au XIème siècle. L’icône de la Vierge de Jasna Gόra fut amenée en 1382 sur la colline dominant Częstochowa, par le roi Ladislas Opolczyk qui fit construire là un monastère pour les moines de St Paul. Deux ans plus tard, en 1384, la célèbre icône est officiellement installée dans le monastère. Le monastère fut entouré de fortifications modernes, (surtout à l’époque de la dynastie des rois Waza) faisant de cette montagne, un des plus forts remparts de la nation. Jasna Gόra est célèbre surtout par sa victoire durant la guerre avec les Suédois (1655-1660), quand un petit groupe de moines du monastère, avec le père Augustyn Kordecki a vaincu les attaques de l’armée suédoise. Le culte de la Sainte Vierge de Jasna Góra s’accrut constamment, c’est pourquoi Częstochowa fut toujours reconnue, à travers les siècles, comme le haut-lieu spirituel de la Pologne.
Près de Jasna Góra, au n°9-11 rue Sw.Barbary, se trouve le monastère de la Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde, où les sœurs depuis 1908 dirigent « l’Institut de la Protection de la Sainte Vierge » pour les jeunes filles nécessitant un profond renouveau moral, et avec les années, une hôtellerie pour les pèlerins. Pendant la seconde guerre mondiale, les sœurs furent exilées de la maison. Mais après la guerre, elles ont pu reconstruire la chapelle et d’autres édifices. Pendant la période communiste, en 1955, l’Institut pour les filles fut transformé en l’Institut éducatif pour les filles et les garçons handicapés mentaux. On y organisa une école élémentaire dont profitaient aussi les enfants de la ville de Częstochowa, qui souffraient du même handicap.
11. VILNIUS
En suivant les traces de sainte sœur Faustine, nous arrivons à Vilnius. C’est en février 1929 que sœur Faustine est arrivée pour la première fois à Vilnius, en remplaçant, durant 4 mois, une sœur qui devait partir pour faire sa troisième probation. Ensuite, en mai 1933, elle fut affectée au travail du jardin. Cette deuxième permanence fut très importante pour l’Apôtre de la Divine Miséricorde, du point de vue de sa vie spirituelle et de sa mission. C’est ici que sœur Faustine a rencontré son confesseur l’abbé Michel Sopoćko, prêtre qui devrait l’aider, selon la promesse de Jésus. C’est également ici, qu’elle a reçu de Jésus d’importantes tâches à accomplir.
Les premières mentions historiques sur Vilnius remontent en 1323. Giedymin, fondateur de la grande Principauté de Lituanie, y fait construire un château en bois et implante sa capitale, anciennement à Troki. L’époque des rois Sigismond fut la plus célèbre période de l’histoire de cette ville. Ils firent construire l’hôtel de la monnaie, le magasin des armes, des moulins, le pont sur la Wilejka, plusieurs hôpitaux et palais. Des architectes et des sculpteurs italiens y travaillèrent (Jan Cini, Jan Maria Padovano). C’est ainsi que Vilnius est devenu une ville peuplée de multiples nationalités (Lituaniens, Polonais, Russes, Juifs, Allemands, Italiens, Arméniens, Tatars). En 1579, le roi Etienne Batory fonda l’Académie dirigée par des jésuites, début de ce qui deviendra l’Université de Vilnius.
Les sœurs s’installèrent à Vilnius grâce à la bienveillance de la princesse Maria Michałowa Radziwill. Les circonstances du choix de ce lieu pour la future fondation sont intéressantes. La princesse Radziwill envoya à Vilnius sa tante Anna Kulesza laquelle devait choisir un lieu pour le bâtiment et acheter le terrain. Elle hésita entre deux lieux et pour s’assurer de son choix, elle commença une neuvaine à Jésus, en Lui demandant un signe visible pour faire le bon choix. Dès le début de cette neuvaine, elle fit un rêve extraordinaire : elle se vit elle-même prier devant une statue miraculeuse de Jésus en l’église St Pierre et St Paul. A un certain moment, elle aperçut Jésus sortant de l’église, qui l’avait conduite par la rue Senatorska, et s’arrêtant là, Il lui indiqua avec son doigt une propriété du général russe Bykowski. Madame Kulesza, fut rassurée par le curé que ce rêve pouvait être le signe attendu qu’elle avait demandé au Seigneur. Le 16 février 1908, elle acquit ce terrain pour la Congrégation des sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde. Le domaine se trouvait à Antokol – un quartier de Vilnius habité depuis une très ancienne période. Antokol fut célèbre par ses plus belles résidences des hautes dynasties connues, parmi lesquelles on trouve celle de Sapieha ou Słuszki. Les sœurs commencèrent à habiter la maison au 25 rue Senatorska (actuellement 29 rue Grybo) en mai 1908 et l’organisèrent pour les besoins des pénitentes. Une année plus tard, la maison logeait environ 20 élèves-pénitentes. C’est la boulangerie, un lieu de lavage et un artisanat de broderie qui ont permis d’entretenir modestement la maison. Le nombre de pénitentes a augmenté aussi, il y eut des périodes où il y avait même jusqu’à 60 pénitentes. Néanmoins, la maison a toujours eu des difficultés financières. Avec le début de la 1ère guerre mondiale, les conditions sont devenues pires, à cause du manque de travail. De plus, un incendie se déclara dans une des maisons, reconstruite seulement en 1928. Les conditions de vie dans la maison de Vilnius se sont améliorées dans la période entre les deux guerres. La fondation possédait quelques édifices modestes : une chapelle, des chambres pour les sœurs et pour 90 pénitentes, ainsi que des ateliers de travail. La maison fut entretenue par la boulangerie, par le lavage du linge pour les besoins de l’hôpital des soldats, par l’exploitation agricole de quelques hectares et par le jardin. La maison a connu davantage de difficultés durant la seconde guerre mondiale. En septembre 1940, les autorités saisirent l’établissement pour les pénitentes, et les sœurs d’abord emprisonnées à Łukiszki, trouvèrent ensuite du travail dans des hôpitaux ou chez des personnes privées hors de Vilnius (à Wołokumpia). En 1946, la maison de Vilnius ferma et les dernières sœurs revinrent en Pologne.
C’est justement durant ces quelques années tranquilles entre les deux guerres, que sainte sœur Faustine est arrivée à Vilnius. Son deuxième séjour à « Antokol » fut très important. Elle y est venue tout de suite après ses vœux perpétuels, afin de travailler dans le jardin. Ayant vécu d’abord à Cracovie, dans de grands bâtiments, sœur Faustine écrit dans son « Petit Journal », que les habitations du couvent de Vilnius, lui donnent l’impression de « petites maisons ». Les chambres des sœurs se trouvaient dans une maison très pauvre. De l’autre côté de cette maison, se trouvait l’habitation, avec une entrée à part, pour l’aumônier. Sœur Faustine a reçu une nouvelle tâche qu’elle n’avait jamais auparavant connue, ce qui fut pour elle un défi. Elle a mis sa confiance en l’aide de Dieu, en cherchant et écoutant aussi les conseils d’autres personnes. Son plus grand soin fut accomplir la mission que Jésus lui avait confié. Elle attendait toujours le prêtre, promis par Jésus, qui l’aiderait à accomplir sa mission. Ce prêtre promis par Jésus, ce fut l’abbé Michel Sopocko, confesseur des sœurs d’Antokol à cette époque. Le Père Sopocko, au début, fut très déconcerté par ce que lui disait sœur Faustine, il n’y croyait pas, et l’a soumise à des épreuves douloureuses qui ont beaucoup coûté à la sœur. Il a demandé à mère Irena Krzyzanowska son opinion concernant la vie de sœur Faustine, exigeant pour elle des examens psychiques et physiques. Après avoir obtenu des résultats positifs sur la vie de sœur Faustine, de la part du médecin Helena Maciejewska, l’abbé Sopoćko, pas tant par conviction, mais plutôt par curiosité, s’engagea à faire peindre l’Image de Jésus Miséricordieux.
Après avoir accomplit cette tâche, sœur Faustine a reçu de Jésus de nouvelles tâches. En la solennité de la Pentecôte, le 9 juin 1935, dans le jardin elle entendit : « Tu vas t’efforcer par la prière avec tes compagnes d’obtenir la miséricorde pour toi-même et pour le monde ». Au début elle n’était pas sûre d’avoir bien compris les paroles de Jésus. Cette demande de fondation d’une nouvelle congrégation l’a effrayé un peu, et a commencé pour elle une période où elle devait endurer les souffrances et la nuit passive de l’esprit. Pourtant elle fut contrainte d’attendre pour la fondation de cette nouvelle congrégation, car elle obéissait aux conseils de son confesseur, des supérieures et de l’archevêque R.Jalbrzykowski. C’est seulement vers la fin de sa vie qu’elle comprit que selon la pensée de Jésus, il s’agissait non seulement d’une congrégation religieuse qui proclamerait et implorerait la miséricorde, mais aussi d’un nouveau mouvement dans l’Eglise qui réunirait des congrégations actives et contemplatives, des prêtres et des personnes laïques. Aujourd’hui, nous savons que la révélation de Vilnius fut le début de la fondation du Mouvement Apostolique de la Divine Miséricorde dans le monde entier.
Un autre événement eut lieu à Vilnius : Jésus lui a transmis la prière pour apaiser la colère de Dieu. Le vendredi 13 septembre 1935, sœur Faustine eut dans sa chambre la vision d’un Ange qui venait pour punir la terre. Elle commença à prier ardemment, mais se tenant devant la Majesté Divine elle n’osa pas répéter la prière pour éviter la punition de Dieu. Soudain, dans son for-intérieur, elle entendit les paroles avec lesquelles elle priait, et elle a vu l’impuissance de l’ange à punir la terre. Le jour suivant, Jésus lui enseigna comment elle devait réciter la prière que nous appelons le chapelet à la Divine Miséricorde. Bientôt, Jésus transmit à sœur Faustine de grandes promesses liées à la récitation de cette prière dite avec confiance.
Durant le séjour de sœur Faustine à Vilnius, elle put visiter, à quelque occasion, l’église paroissiale de St Pierre et St Paul, de style baroque, dont les origines remontent aux années 1668-1675. Cette église fut érigée par un gradé, commandant en Lituanie, Michal Kazimierz Pac, en reconnaissance d’avoir eu la vie sauve pendant la rébellion de Lubomirski. L’édifice fut réalisé par Jan Zaor de Cracovie. A l’intérieur, il y a environ 2000 statues exécutées par des artistes italiens Pietro Perti et Jean Gali, et des peintures de Michelangelo Palloni. C’est une des plus belles églises de Vilnius que l’on ne peut pas oublier si on veut suivre les traces de sainte Faustine.
Près de la rue Rasų au n°6
En suivant les pas de sainte sœur Faustine, nous continuons notre voyage à Vilnius. Nous quittons Antokol où se trouvait le monastère de la Congrégation des sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde, pour aller au centre de la ville visiter les lieux liés au séjour de cette Apôtre de la Miséricorde Divine et l’œuvre que Jésus lui demandait. D’abord nous dirigeons nos pas vers la rue Rasų au n°6, où la première Image de Jésus Miséricordieux, selon les indications de sœur Faustine fut peinte. Cet édifice se trouve près du cloître des sœurs visitandines et de l’église du Sacré-Cœur de Jésus. C’est dans cet édifice, au premier étage, qu’habitait l’abbé prof. Michel Sopocko, dans les années 30, et au rez-de-chaussée, le peintre Eugène Kazimirowski. Dans les années après la guerre, l’édifice fut en partie converti en prison, et aujourd’hui il est habité par les sœurs de Jésus Miséricordieux.
L’Abbé Michel Sopocko demanda justement au peintre E. Kazimirowski de faire peindre l’Image de Jésus Miséricordieux. Il était lui-même curieux de voir comment se présenterait une telle Image, peinte selon les visions de sœur Faustine. Ce peintre, connu dans le milieu d’artistes de Vilnius, se forma à Cracovie, dans les ateliers de Łuszczkiewicz, Axentowicz, Wyczόłkowski, ensuite à Leopoli, Munich et à Paris, ainsi qu’à l’Académie Saint Luc à Rome, où il obtint son diplôme en 1900. Après 1914, la vie de l’artiste fut liée à Vilnius. Pendant longtemps, cet artiste fut professeur au Séminaire pour les enseignants, décorateur dans le théâtre, et même membre de la Direction d’une Société Indépendante des Artistes des Beaux-arts de Vilnius. Il faisait, en particulier, des paysages et des portraits, mais parfois des œuvres religieuses.
C’est en janvier 1934, qu’il commença à peindre l’Image de Jésus Miséricordieux. Cela se faisait dans une grande discrétion, afin de ne pas attirer l’attention des sœurs. Comme se rappelle la supérieure mère Irena Krzyzanowska, chaque samedi matin, j’allais avec elle pour participer à la sainte Messe à la Porte de l’Aurore (Ostra Brama), et ensuite, la Messe terminée, nous nous rendions à l’atelier de cet artiste, à qui sœur Faustine donnait des indications, sur la façon dont il devait peindre l’image de Jésus Miséricordieux. En juin 1934, l’image fut terminée, mais sœur Faustine n’en n’était pas contente. Elle se plaignait à Jésus, en disant : Qui te peindra aussi beau que tu l’ es ? Et j’ ai entendu ces mots : « La vertu de ce tableau n’ est ni dans la beauté de la couleur, ni dans l’ art du peintre, mais dans ma grâce. » (P.J. 313). L’image fut placée tout d’abord dans le corridor du couvent des sœurs bernardines, près de l’église Saint Michel. Ensuite, pendant la semaine sainte 1935, sœur Faustine, a révélé les exigences de Jésus qui voulait que l’Image soit publiquement exposée pour le triduum de la clôture du Jubilé de la Rédemption du monde. Dans ses mémoires l’abbé Sopocko écrit : J’ai appris qu’il y aurait le triduum pour lequel le curé d’Ostra Brama (Porte de l’Aurore), le chanoine S.Zawadzki, m’a demandé de préparer un sermon. J’étais d’accord à condition de placer cette Image comme décoration dans une fenêtre, où elle se présentait de manière magnifique, en attirant l’attention de tous, davantage que l’Image de la sainte Vierge. La joie de sœur Faustine fut grande, elle a vu se réaliser les désirs de Jésus, car l’Image fut publiquement vénérée, le jour même que Jésus avait choisi pour la fête de la Miséricorde. L’abbé Sopocko a donné alors un sermon sur le plus grand attribut de Dieu (la miséricorde) et sœur Faustine a vu Jésus comme Il est représenté sur l’Image. Les rayons de l’Image se sont répandus sur les cœurs des fidèles présents pour la cérémonie.
A la Porte de l’Aurore (Ostra Brama)
Le Sanctuaire de Notre-Dame de la Miséricorde, lieu, où pour la première fois fut exposée l’image de Jésus Miséricordieux, n’est pas sans signification. La Porte de l’Aurore fut construite au XVIème siècle, avec d’autres murs de la ville, comme la première des portes de la ville. C’est à partir de cette porte qu’il y avait le parcours vers Miedniki, Oszmiany, Mińsk, c’est pourquoi au début on appelait cette porte la Porte « Miednicka » ou bien « Zaranna ». Après un certain temps, on l’a appelée « Ostra » – de l’Aurore, puisqu’elle se trouvait sur le côté méridional de la ville.
On y a placé la peinture de la Sainte Vierge, qui déjà au XVIIème siècle fut vénérée avec une grande piété. Le couvent des Carmes déchaussés y fut fondé, avec l’église sainte Thérèse, près de la Porte de l’Aurore. Les Carmes s’occupaient du Sanctuaire. En 1671, on a construit une chapelle en bois, qui 50 ans plus tard subit un incendie. Jusqu’à la fin de la construction d’une nouvelle chapelle en brique, qui a duré 20 ans, l’icône préservée fut placée dans l’église voisine Sainte Thérèse. De nombreux ex-voto témoignent d’un grand amour des habitants de Vilnius envers Notre- Dame de la Miséricorde. Au XVIII-ème siècle l’image de Notre-Dame reçut, probablement de la part des orfèvres, une belle robe en argent doré. Les doubles couronnes papales en argent et la robe également en argent, le tout doré à l’extérieur, ont été mises sur le tableau au XX-ème siècle. Notre-Dame a reçu également le titre de Notre-Dame de la Miséricorde.
En mars 1936, sœur Faustine a quitté Vilnius, mais l’abbé Sopocko continua à poursuivre sa mission dans cette ville. Il tâchait, de diverses manières, à diffuser la Dévotion à la Divine Miséricorde, en même temps qu’il approfondissait pour lui-même le mystère de la Miséricorde. Il y a donc à Vilnius des lieux liés non seulement à sœur Faustine, mais aussi à la mission communiquée par Jésus. Il est bon de citer en ce lieu l’église Saint Michel Archange, car c’est justement dans cette église que se trouvait l’Image de Jésus Miséricordieux, entre 1937 et 1948 (année de la fermeture de l’église). Sur le terrain de l’église, à l’époque, se trouvait le château de la famille Sapieha. Un grand dirigeant de la Lituanie, Lew Sapieha, a donné gratuitement le château aux sœurs bernardines, et l’édifice devint un monastère. Dans les années 1594-1596, l’église sous le vocable de Saint Michel Archange fut construite près du monastère. L’église et le monastère furent restaurés en 1933, fermés en 1948 et depuis 1956, ils sont devenus un musée d’architecture.
Après la fermeture de l’église Saint Michel, tous les objets qui s’y trouvaient ainsi que l’Image de Jésus Miséricordieux, furent transportés à l’église du Saint Esprit. Cette église, d’abord en bois, fut construite à l’époque du roi Ladislas Jagiełło. Après avoir subi un incendie, en 1441, le roi Casimir Jagiellończyk l’a fit reconstruire. Les pères dominicains (arrivés à Vilnius grâce à Alexandre Jagiellończyk), s’occupaient de cette église depuis le XVIème siècle. Dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, il y eut une nouvelle reconstruction de l’église qui est restée celle que nous connaissons aujourd’hui. Du temps de la fermeture du monastère par les autorités tsaristes en 1844, l’église servit d’église paroissiale. On peut y trouver, plusieurs fresques et peintures, entre autres une précieuse peinture: « l’Apothéose du Saint Esprit » du XIXème siècle. La première Image de Jésus Miséricordieux, fut déposée dans cette église, après avoir été transportée de l’église saint Michel. A partir de 1985, l’Image fut exposée au culte public, pendant 20 ans, à l’autel latéral.
Le 28 septembre 2005, après la décision du Métropolite de Vilnius, A.Bačkis, l’Image de Jésus Miséricordieux fut transportée à l’église de la Sainte Trinité. A cet endroit depuis le XVème siècle, il y avait une église en bois. Le roi Sigismond Ier y fonda un hôpital attenant à l’église en 1536. Au début du XXème siècle, les autorités l’ont convertie en église orthodoxe. Elle fut reconstruite de façon tout à fait différente. Cent ans plus tard, l’église fut redonnée aux fidèles catholiques et restaurée. Actuellement, l’église de la Sainte Trinité est devenue le sanctuaire de la Divine Miséricorde.
Elaboré par les sœurs
de la Congrégation Notre-Dame de la Miséricorde
____________________
Le texte fut émis in : « Orędzie Miłosierdzia »(Message de la Miséricorde) n° 68 (2008) et 69 (2009), pages 10-11.
12. WALENDÓW – DERDY
A Walendόw
En novembre 1934, sœur Faustine quitta Płock pour Varsovie, afin de faire sa troisième probation, temps de préparation proche des vœux perpétuels. Ses supérieures l’envoyèrent à Walendow pour une retraite de 8 jours, conduite par le père jésuite, E.Elter. C’était lui qui l’avait rassurée de la vraisemblance de ses révélations, en lui disant qu’elle suivait le bon chemin et que Dieu lui avait vraiment confié une grande mission. Ayant terminé sa retraite, sœur Faustine quitta Walendόw. Elle y reviendra une autre fois, pour quelques semaines, fin mars 1936.
En 1896, le comte Gustaw Przeździecki offrit à la Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde, un domaine à Walendόw. Le terrain comprenait un bon morceau de terre, des étangs, un moulin, des bâtiments d’exploitation agricole et des habitations. Dès le début, quelques sœurs travaillèrent à l’exploitation agricole. Les sœurs furent aidées par d’autres travailleurs, payés par la supérieure du couvent de Derdy. En 1908, on a commencé la construction d’un établissement pour les filles, ainsi qu’un couvent pour les sœurs où elles commencèrent à habiter en avril 1913, après avoir quitté la maison de Derdy. Pendant la première guerre mondiale, l’exploitation agricole fut complètement détruite, bien que l’établissement pour les filles fonctionnait toujours, en 1920 il restait environ 60 élèves. La Congrégation a construit en outre, pour les besoins des filles et des travailleurs, une grande chapelle, consacrée le 12 septembre 1934 par l’archevêque Stanislas Gall.
Depuis le mois de mars 1936, arrivèrent des femmes-prisonnières âgées de 18 à 30 ans. Le Ministère de la Justice a voulu les protéger de l’influence mauvaise d’autres prisonnières et leur donner la possibilité de revenir à une vie normale. Chaque journée comprenait le travail, l’étude et le repos. Les femmes apprenaient à lire, à écrire, l’hygiène et étudiaient dans des ouvrages manuels. Au printemps, elles faisaient des travaux domestiques, et en été, aidaient à l’exploitation agricole, dans le verger et aux ruches. Avec une certaine liberté elles pouvaient croître du point de vue intellectuel et physique. Leur éducation comprenait la religion (par la catéchèse) et la pratique religieuse. La IIème guerre mondiale a interrompu cette activité, mais à partir de 1940 les autorités de Varsovie ont commencé à y envoyer de nouveau des femmes. En 1944, les nazis ont envoyé à Walendόw des filles mineures, condamnées à subir leur peine dans un établissement de correction. Pendant la guerre, les sœurs ont aidé des réfugiés, diverses personnes (dont des juifs) qu’elles cachaient. Pendant l’insurrection de Varsovie, pendant deux mois, les sœurs rendaient visites aux prisonniers des camps de passage à Pruszkόw, dans le but d’en libérer le plus grand nombre.
Les sœurs tâchaient même d’y amener de la nourriture et des vêtements. Du fait du grand nombre de réfugiés, le travail des sœurs dans l’établissement ne fut plus possible. Après la guerre, les sœurs n’ont plus travaillé avec les filles. En mars 1950, la propriété de Walendόw fut remise à l’état ; l’établissement pour les filles fut restructuré en établissement pour les femmes handicapées mentales, dans lequel les sœurs ont travaillé jusqu’en 2006. Actuellement, à Walendόw, il y a un établissement pour les orphelins, où ils retrouvent une ambiance familiale et un climat d’amour, et se préparent ainsi à une vie adulte.
A Derdy
Revenons pourtant à notre parcours, en suivant les pas de la secrétaire de la Divine Miséricorde. Après avoir séjournée quelques semaines à Walendόw (en mars-avril 1936), sœur Faustine fut envoyée au couvent de Derdy. Elle y avait déjà séjourné en 1932, après la retraite de 8 jours faite à Walendόw. Dès qu’elle arriva à Derdy en 1936, on lui confia la tâche de cuisinière à la préparation des repas pour quelques sœurs et plus de 30 élèves (filles). Sœur Faustine considéra ce séjour dans ce couvent presque comme du repos, car elle n’avait pas beaucoup de travail. Elle consacrait deux heures chaque après midi, à se reposer (ce fut un moyen de guérir sa tuberculose). Elle pouvait pratiquer certains exercices spirituels en profitant de la forêt proche de la maison, avec le bon air. Les sœurs vivant avec sœur Faustine, ont laissé de beaux souvenirs de son séjour. Après des années, sa supérieure, sœur Serafina Kukulska racontait : A la cuisine, sœur Faustine avait une jeune fille pour l’aider, néophyte, avec un caractère bien difficile, avec laquelle personne ne voulait travailler. Justement cette fille, en travaillant avec sœur Faustine, a changé d’une telle manière que personne ne voulait y croire. Elle avait une douce, mais divine influence sur les âmes pécheresses. Le couvent de Derdy fut la troisième maison de la Congrégation fondée en Pologne. Il se trouve non loin de Varsovie, avec un paysage sablonneux et couvert de forêts. Sœur Faustine le décrit ainsi dans sa lettre à l’abbé Michel Sopocko du 10 mai 1936 : « Notre couvent de Derdy est réellement comme tiré d’une fable. Il est entouré d’une forêt, sans construction proche dans le calme et la tranquillité. Tout cela aide à recueillir l’esprit, des oiseaux de forêt interrompent parfois ce calme et avec leurs voix louent leur Créateur. Je vois, dans tout cela qui m’entoure, mon Dieu ».
C’est une comtesse Maria de la famille Tyzenhauze, Przeździecka, qui avait offert ce terrain à la Congrégation. Les sœurs y sont venues en décembre 1881 en appelant ce couvent « Patronage Saint Joseph ». La supérieure fut mère Aniela Popławska. Au début, Derdy devait être une maison de repos pour les sœurs et les filles du Couvent de Varsovie. Mais le couvent de Derdy est devenu bientôt autonome et dirigeait une œuvre avec les filles (20 élèves) séparément. En 1906, il y avait déjà 60 élèves. En 1913, les sœurs furent obligées de quitter Derdy, en retournant à Walendόw.
Les sœurs sont revenues à Derdy en 1932, invitées par la princesse Sophie Swiętopełk-Czetwertyńska. Rapidement elles furent obligées de rénover les édifices détruits durant la IIème guerre mondiale. Deux ans après, une chapelle fut consacrée, où la sainte Messe fut célébrée par l’aumônier de Walendόw, ou par le curé de Magdalenka. A cette période, Derdy était une annexe de Walendόw. Les sœurs y dirigeaient une œuvre pour les filles plus jeunes, avec la possibilité d’aller à l’école primaire. On y accueillait soient des filles recommandées par des particuliers, soient par les autorités sociales de la ville de Varsovie. Après la IIème guerre mondiale, ce fut une période très difficile dans l’histoire de la maison de Derdy. L’exploitation agricole fut transmise à l’état, et on a transformé l’œuvre pour les jeunes filles, en l’institut pour les filles handicapées mentales. En 1995, cette œuvre fut pourtant fermée. En même temps, une garderie d’enfants « Jutrzenka » fut ouverte, et en 1999, une Maison pour accueillir des retraitants – « Miłosierdzie » (« Miséricorde »).
Elaboré par les sœurs
de la Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde à Cracovie
______________________
Le texte fut édité dans :« Le Message de la Miséricorde » (« Orędzie Miłosierdzia » ), n° 70 (2009), pages : 10-11.
13. RABKA
Sœur Faustine est arrivée à Rabka le 29 juillet 1937 et y est restée jusqu’au 10 août 1937, quelques jours seulement. Le climat de Rabka favorable à certaines personnes, ne fut pas avantageux pour sœur Faustine. Dans le « Petit Journal » sœur Faustine écrit : Cependant, mon état de santé est si mauvais ici que je suis obligée de rester alitée (PJ 1201). Il y a quand même un épisode intéressant, lié à son séjour dans ce village : Saint Joseph m’ a demandé d’ avoir pour lui une constante dévotion. Il m’ a dit lui-même de réciter chaque jour trois prières et un Souvenez-vous. Il m’ a regardée avec beaucoup de bienveillance et m’ a fait connaître combien il soutient cette oeuvre. Il m’ a promis son aide particulière et sa protection. Je dis donc tous les jours les prières qu’ il exige et je sens sa protection particulière (PJ 1203). Il y a aussi une plaque à Rabka posée à l’entrée du couvent qui y commémore son séjour. On a conservé aussi la chambre où elle habitait.
Rabka est un village connu pour ses cures. Les eaux et les sources du village contenant du sel, étaient déjà connues au XIIIème siècle et ce furent probablement les Cisterciens habitant ce terrain, qui en profitaient. On a fait des analyses des eaux en 1858, et on a constaté que les sources de sel du village sont une des sources en Europe contenant le plus de l’iode et de brome. C’est pourquoi en 1864, un Institut de Bain et de Cure fut ouvert à Rabka, et 8 ans plus tard un Institut de Cure (sanatorium) pour les enfants. Ce village, possédant un climat spécifique très salubre, riche en sources et en eaux salées, a permis le développement très rapide du village accueillant des cures, en particulier pour le traitement des maladies respiratoires, de la circulation et de la tuberculose. C’est pour cette dernière raison que sainte sœur Faustine est venue à Rabka. Elle habitait la maison rue Słowackiego au n°12, qui, à partir de l’année 1931 servait aux sœurs et aux élèves (jeunes filles) pour le repos. Un peu plus tard, les sœurs ont commencé à s’occuper des enfants. Au début, la maison « Loretto » à Rabka fut une annexe du couvent de Cracovie. Au cours de la IIème guerre mondiale, les sœurs furent chassées de « Loretto » par les allemands, mais elles y sont revenues en 1945. Elles y dirigèrent une œuvre pour les orphelins (20 filles), qui ensuite fut fermée en 1962. Depuis 1946, « Loretto » est devenue une maison autonome de la Congrégation où se trouve actuellement une garderie d’enfants.
Traduction : soeur M. Sangwina Kostecka ISMM