L’école de spiritualité, comme son nom l’indique, désigne un certain style de vie chrétienne et la façon d’y parvenir grâce à l’harmonie de toutes ses composantes, à savoir : l’image de Dieu, la prière, l’ascèse chrétienne, les pratiques de dévotion, les rapports entre les hommes. Chaque école de la spiritualité est caractérisée par son fondateur, une doctrine et les disciples qui suivent ses prescriptions. Ce qui distingue telle école de spiritualité de telle autre c’est en général : le modèle de sainteté, les moyens à employer pour y parvenir et le règlement spirituel. Parmi les plus grandes écoles de la spiritualité, on compte l’école augustinienne, bénédictine, dominicaine, franciscaine, carmélite ou ignatienne. De nos jours, il faut ajouter l’école de sainte Soeur Faustine qui est née de son charisme et de son expérience mystique.
L’école de la spiritualité de sainte Soeur Faustine prend sa racine dans le mystère de la miséricorde de Dieu : elle en est le fondement, le centre-même qui unit tous les éléments de la vie spirituelle. C’est bel et bien ce mystère qui forme une image de Dieu en nous, notre vie sacramentelle, notre vie de prière et d’ascèse, en un mot – tout ce qui crée cet univers très riche des rapports entre Dieu et l’homme. La connaissance du mystère de la Miséricorde Divine et sa contemplation dans la vie de tous les jours, ainsi que l’attitude de confiance et celle de l’amour miséricordieux envers le prochain sont les caractéristiques principales de cette école faustinienne ; on y adjoin- dra d’autres traits spécifiques, tels : l’amour de l’Eglise et de l’Eucharistie, et la dévotion à Marie Mère de Miséricorde. Il est vrai que ces éléments se retrouvent aussi dans d’autres écoles de la spiritualité, cependant dans l’école de sainte Soeur Faustine ils prennent des couleurs toutes de miséricorde…
La fondatrice de cette école – sainte Soeur Faustine,- était formée par Jésus lui même ! C’était Lui son Maître qui par diverses expériences mystiques et ses paroles et énoncés l’instruisait, la formait et pétrissait son âme pour qu’elle puisse nous servir, à son tour, de modèle de perfection chrétienne. Perfection entièrement fondée sur le mystère de la Divine Misé- ricorde. L’école de la spiritualité de sainte Soeur Faustine est profondément évangélique car elle en appelle aux fondements mêmes du christianisme que sont : une attitude de confiance en Dieu et de miséricorde envers le prochain ; elle est en même temps universelle car destinée et accessible à tous et à chacun, quels que soient la vocation, l’environnement social ou autres. Dans cette école-là se forment des apôtres contemporains de la Miséricorde Divine qui portent au monde le message de l’Amour misé- ricordieux de Dieu pour chaque homme.
Si nous voulons parler des éléments essentiels de la spiritualité à l’école de sainte Soeur Faustine, nous devons d’abord préciser la notion même de spiritualité. La définition du dictionnaire dit que la spiritualité est une pratique systématique et réfléchie d’une vie chrétienne oratoire, pieuse et conforme aux règles. D’une manière plus simple, la spiritualité embrasse tout ce qui constitue la pratique de la vie religieuse, cette réalité dans laquelle l’homme rencontre Dieu. Pour décrire la spiritualité chrétienne, on prend en considération tous les éléments ayant trait à la vie intérieure, donc la prière, l’ascèse, l’expérience des mystères de la foi, la liturgie, les formes d’imitation du Christ, mais aussi le fond social et, actuellement, les conditions psychologiques.
Dans l’histoire de la spiritualité chrétienne, il est question d’écoles quand nous avons affaire à un ensemble compact de méthodes oratoires qui mènent à l’union avec Dieu. Les écoles de spiritualité sont le plus souvent liées au charisme des ordres tels que ceux des bénédictins, des chartreux, des dominicains, des franciscains, des carmes et des jésuites. A côté d’écoles dans l’histoire de la spiritualité, il est également question de courants qui offrent une doctrine moins compacte de vie en prière et d’ascèse. Les historiens de la spiritualité chrétienne caractérisent également la spiritualité des saints, de différentes époques dans l’histoire de l’Eglise, et même des nations. Toute époque possède, en effet, son propre climat de vie spirituelle, son idéal de sainteté, sa manière de vivre les vérités de la foi et l’ascèse, ses propres dévotions et ses prières.
L’histoire de la spiritualité chrétienne fait état d’une grande richesse et variété des manières d’éprouver le mystère de Dieu dans la vie de l’homme, de la multitude de chemins sur lesquels l’homme va rencontrer son Créateur et Sauveur, de différentes méthodes de prière et d’ascèse qui mènent vers l’union avec Lui dans l’amour, et vers la participation dans Sa mission. Par exemple, l’école bénédictine de vie intérieure est basée avant tout sur la liturgie et la réflexion sur celle-ci, alors que le mot d’ordre ora et labora – prie et travaille – rend à perfection le style de vie des personnes qui font l’expérience de cette spiritualité. La spiritualité dominicaine met l’accent sur l’immense rôle de la connaissance, soit du pouvoir de la raison dans la vie intérieure, dans le contact de l’homme avec Dieu, tandis que les franciscains soulignent le travail de la volonté de l’homme qui occupe, selon eux, une place plus importante que la raison sur le chemin vers l’union avec Dieu. L’école carmélite se concentre sur la prière qui doit mener à la contemplation de Dieu pendant que la spiritualité de saint Ignace se focalise sur la méditation, la maîtrise de soi, et sur une collaboration raisonnable de l’homme avec Dieu, qui est une lutte pour le Royaume de Dieu sur la terre, sous la bannière du Christ.
De nos jours, dans la vie de l’Eglise, nous pouvons apercevoir une mosaïque richissime de diverses spiritualités. Il y a là les anciennes écoles issues des charismes des bénédictins, chartreux, franciscains, dominicains, carmes, jésuites, et aussi des spiritualités nouvelles dont la vie de l’Eglise s’enrichit grâce à l’apparition récente de mouvements et de communautés.
Dans ce panorama extrêmement vaste de la spiritualité de l’Eglise contemporaine, la vie spirituelle de sainte Soeur Faustine occupe une place de grande importance. Les historiens qui se pencheront sur des spiritualités des XXe ou XXIe siècles, seront amenés à évoquer le personnage de la modeste religieuse de Pologne, apôtre de la Miséricorde Divine, puisque c’est dès aujourd’hui que son impact sur la vie religieuse de notre époque devient frappant, et ceci non seulement en Pologne, mais dans le monde entier. En parlant de la spiritualité de Soeur Faustine, nous prenons surtout en considération ses caractéristiques fondamentales, à savoir la connaissance du mystère de la miséricorde de Dieu et sa contemplation au quotidien, le perfectionnement de sa propre attitude de confiance envers Dieu et de miséricorde pour autrui, l’amour de l’Eglise et le souci de sauver les âmes égarées, une vie sacramentelle profonde et la dévotion à Notre-Dame.
soeur M. Elżbieta Siepak ISMM
Élaboré par soeur M. Ancilla Miąsik ISMM à la base du livre «La spiritualité de sainte Faustine», traduction Beata Hrehorowicz, Pierre Téqui éditeur, 2002.