LE CHAPELET A LA MISERICORDE DIVINE
(on récite les prières suivantes sur un chapelet ordinaire)
Au début:
Notre Père qui es aux cieux, que Ton Nom soit sanctifiė, que Ton Règne vienne, que Ta volontė soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensės, et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais dėlivre-nous du Mal. Amen.
Je Vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec Vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de Vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.
Je crois en Dieu, le Père Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre. Et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers. Le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père Tout-Puissant, d’où Il viendra juger les vivants et les morts. Je crois en l’Esprit Saint, à la sainte Eglise catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Amen.
Sur les gros grains une fois:
Père Eternel, je T’offre le Corps et le Sang, l’Ame et la Divinité de Ton Fils bien-aimé, notre Seigneur Jésus-Christ, en réparation de nos péchés et de ceux du monde entier.
Sur les petits grains, 10 fois:
Par Sa douloureuse passion, sois miséricordieux pour nous et pour le monde entier.
Pour terminer, 3 fois:
Dieu Saint, Dieu Fort, Dieu Eternel, prends pitié de nous et du monde entier.
Imprimatur: Franciszek cardinal Macharski Cracovie, le 28 août 1998
Origine du Chapelet à la Miséricorde
Cette prière est un don de Dieu insigne pour nos temps. Le Seigneur Jésus l’a dictée à Soeur Faustine au couvent des Soeurs à Vilnus (Wilno), les 13 et 14 septembre 1935. Soeur Faustine eut alors la vision d’un ange, l’exécuteur de la colère de Dieu, qui allait punir la terre pour les péchés qui s’y commettaient. Lorsqu’elle vit ce signe de la colère de Dieu qui allait s’accomplir, elle se mit à supplier l’ange d’éloigner le châtiment pour que le monde fasse pénitence. Soudain, elle fut ravie en présence de la Sainte Trinité ; intimidée, elle n’osa plus répéter sa demande. Ayant senti dans son âme la puissance de la grâce de Jésus, elle se mit à prier avec des paroles inspirées intérieurement. Le résultat ? Ecoutons-la nous le dire : Pendant que je priais ainsi, j’ ai vu l’ impuissance de l’ ange : il ne pouvait pas infliger le juste châtiment que méritaient ces péchés (Petit Journal [P. J.] 475).
Le lendemain matin, en entrant dans la chapelle pour prier, elle entendit à nouveau le Seigneur Jésus lui inspirer cette même prière et la lui dicter mot à mot. C’était le Chapelet à la Miséricorde Divine. Jésus en précisa le rôle et indiqua la façon de le réciter : Cette prière sert à apaiser ma colère. Tu la réciteras pendant neuf jours sur un chapelet ordinaire de la manière suivante : tu diras d’ abord un Notre Père, puis un Je vous salue, Marie et Je crois en Dieu. Ensuite, sur les grains du Notre Père, tu diras les paroles suivantes : « Père Éternel, je t’ offre le corps et le sang, l’ âme et la divinité de ton Fils bien-aimé, notre Seigneur Jésus-Christ, en réparation de nos péchés et de ceux du monde entier. » Sur les grains du Je vous salue, Marie, tu diras les paroles suivantes : « Par sa douloureuse Passion, sois miséricordieux pour nous et pour le monde entier. » A la fin du chapelet, tu diras trois fois ces paroles : Dieu Saint, Dieu Fort, Dieu Immortel, aie pitié de nous et du monde entier » (P. J. 476).
Remarquons que la formule : « je T’offre », est au singulier et elle ne peut varier, elle doit rester comme telle, aussi bien dans la récitation privée que communautaire. L’abbé prof. Ignace Różycki l’explique : Quiconque changerait dans cette prière le singulier en pluriel ou vice-versa : le pluriel au singulier, disant : « mes péchés », au lieu de « nos péchés » ou bien : « sois miséricordieux pour moi », au lieu de « sois miséricordieux pour nous », agirait contre la volonté de Jésus, et cette prière ne pourrait plus s’appeler le Chapelet à la Miséricorde. Le « nous » signifie ici le priant et tous ceux pour qui il prie de manière spéciale ; le mot : « le monde entier », « du monde entier », concerne les vivants et les morts. Ainsi donc, Jésus exige-t-il de celui qui prie le Chapelet à la Miséricorde qu’il implore la miséricorde en disant « pour nous », et non seulement « pour moi » – ceci évite un certain égoïsme de nos prières et fait du Chapelet à la Miséricorde un véritable acte d’amour qui se donne. Il n’est donc pas possible de changer la forme, singulier ou pluriel, du texte originel de la prière du Chapelet à la Miséricorde ni d’y ajouter d’autres mots, ou d’en supprimer tel ou tel autre.
La diffusion de cette prière n’est pas toujours correcte. On y ajoute des mots tels que : sois miséricordieux pour nous, et pour le Saint Père, et pour tel ou tel, et pour le monde entier. On rencontre aussi d’autres manières incorrectes de dire le Chapelet, à savoir : par sa douloureuse Passion, et par les sept douleurs de la Vierge Marie, sois miséricordieux…, ou bien encore : après la récitation du Crédo l’on ajoute à tort la doxologie : Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit qui ne figure pas dans le texte primitif du Chapelet. Il arrive aussi qu’on omette certains mots du Chapelet dicté entièrement par Jésus, en raccourcissant, par exemple, les supplications finales : au lieu de dire : Dieu Saint, Dieu Fort, Dieu Immortel, prends pitié de nous et du monde entier, on enlève la formule : et du monde entier, en se bornant à la seule supplication traditionnelle : Dieu Saint, Dieu Fort, Dieu Eternel, prends pitié de nous. Or, toutes ces modifications apparemment secondaires ne respectent pas les paroles de Jésus, l’auteur du Chapelet, si bien que le Chapelet ainsi transformé ne peut plus être considéré comme le Chapelet à la Miséricorde. Il faut dire également que cette prière ne doit pas être divisée, à la manière du saint Rosaire, où l’on s’arrête après chaque dizaine pour lire quelque pieuse pensée ou méditer sur les mystères annoncés ou ajouter des intentions de prière etc… En ce qui concerne les méditations, réflexions et intentions de prière qu’on voudrait attacher à la prière du Chapelet à la Miséricorde divine, on doit les dire avant de le prier, et non pas au milieu. Il faut réciter le Chapelet sans aucune coupure, comme une seule prière, telle que Jésus l’a enseignée. Une remarque encore à ajouter pour les sujets de langue polonaise : la syntaxe polonaise admettant le changement de place de l’adjectif entier avant ou après un mot, ici : le monde (en polonais : świata całego ou całego świata), sans opérer aucun changement de sens, les deux versions sont possibles dans la récitation du Chapelet en polonais (świata całego et całego świata) et ont l’Imprimatur de l’Eglise en Pologne.
Signification théologique du Chapelet à la Miséricorde
Le Chapelet à la Miséricorde est très riche de signification et cela vaut la peine d’en faire une analyse profonde. La prière du Chapelet s’adresse à Dieu le Père. Nous lui offrons Son Fils bien-aimé en réparation de nos péchés et de ceux du monde entier, et implorons sa miséricorde pour nous et pour le monde entier, par les mérites de la douloureuse Passion du Fils de Dieu. Or, baptisés, nous participons au sacerdoce du Christ et cette participation signifie que, par le baptême « d’eau et d’Esprit » (Jn 3, 5), nous sommes déjà consacrés pour offrir les sacrifices spirituels en union avec l’unique sacrifice de la Rédemption, offert par le Christ lui-même. Nous tous devenons dans le Christ (…) un « sacerdoce royal » (cf. Lettre de JP II aux prêtres pour le Jeudi Saint, 1989, ch.1). En vertu de ce sacerdoce royal, sacerdoce commun (cf. Lumen Gentium, 10-11), nous pouvons offrir à Dieu le Père son Fils bien-aimé en réparation de nos péchés et de ceux du monde entier.
À une époque il y eut des controverses théologiques sur l’origine surnaturelle et la signification correcte du Chapelet à la Miséricorde. L’ancien recteur de l’Université Catholique de Lublin en Pologne, l’abbé prof. Wincenty Granat, affirmait qu’il y avait des erreurs de nature théologique dans le Chapelet à la Miséricorde et que de ce fait, il ne pouvait avoir d’origine surnaturelle. Dans son intervention présentée au cours d’un Congrès de la Miséricorde, il dit : La prière du Chapelet contient de graves erreurs théologiques. Premièrement : du fait que la Divinité du Fils est la même que celle du Père, elle ne peut être offerte au Père Eternel. Deuxièmement : il est interdit d’offrir en acte d’immolation la Divinité. Troisièmement : la Divinité ne peut devenir objet de propitiation pour les péchés, car c’est la Divinité, ou pour dire mieux, Dieu seul, qui remet les péchés sans être victime de propitiation ; c’est le Rédempteur revêtu de nature humaine qui est victime de propitiation pour nos péchés.
C’est l’abbé prof. Ignace Różycki, qui donna la bonne réponse théologique aux arguments développés ci-dessus. Il dit qu’il fallait analyser la formule : « Le Corps et le Sang, L’Âme et la Divinté de (…) notre Seigneur Jésus-Christ » dans le plein contexte de la prière en question sans en tirer un mot, ici « la Divinité ». C’est seulement dans le contexte qu’on peut trouver la clé pour bien interpréter cette prière. C’est d’ailleurs une règle fondamentale de toutes les critiques. Autrement, on risquerait de contredire les principes de toute analyse scientifique ; ici, de fausser gravement le sens des paroles que notre Sauveur donne à la formule entière. Nous arriverions à un absurde théologique, si nous ignorions le contexte entier et que nous nous mettions à expliquer le sens du seul mot « Divinité » en tant que « nature Divine ». Puisqu’il est évident que la nature Divine de Jésus-Christ est identique de la nature du Père, et de ce fait ne peut lui être offerte. »
La formule discutée plus haut n’est pas apparue pour la première fois dans le Chapelet à la Miséricorde, mais on la rencontrait depuis longtemps dans l’Eglise dans différents contextes eucharistiques ou christologiques. Le Père Różycki précise, en l’occurrence, ce qui suit : Le contexte eucharistique le plus important et le plus solennel, est la définition dogmatique de la présence eucharistique de tout Jésus, donnée par le Concile de Trente ; cette définition dit que « la Divinité » ne désigne pas la nature Divine commune aux trois Personnes. Elle signifie directement, cela veut dire exactement et précisément, la Personne Divine de Jésus. Par ailleurs, cette même formule a été utilisée dans la prière dictée par l’Ange du Portugal aux enfants de Fatima, en 1916. Ainsi donc, en disant le Chapelet à la Miséricorde Divine, nous offrons au Père non seulement la seule Divinité de Jésus, mais toute sa Personne Divine et son humanité faite de Corps, de Sang et d’Âme.
Une autre question peut être soulevée : Peut-on offrir à Dieu toute la Personne du Fils de Dieu Incarné ? Le Père Ignace Różycki donne également une réponse positive à cette question, en recourant à St Paul apôtre : Vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire (Ep 5, 2). – Il résulte de cet énoncé paulinien – continue le Père Różycki – que le Christ lui-même, entier, c’est-à-dire son entière humanité et sa Divine Personne, était l’objet du sacrifice rendu à Dieu le Père. Ainsi donc, lorsque nous récitons ces paroles du Chapelet à la Miséricorde : le Corps et le Sang, l’Âme et la Divinité de (…), Notre Seigneur Jésus-Christ, nous nous unissons par là à son sacrifice sur la Croix, opéré pour notre salut. En disant les paroles : « de ton Fils bien-aimé » nous évoquons l’amour dont Dieu le Père aime son Fils, et en Lui, tous les hommes. Nous recourons par là au motif le plus fort pour se faire entendre par Dieu, dit l’abbé Różycki.
Dans le Chapelet nous prions « pour nous et pour le monde entier .» Le pronom « nous » se réfère aussi bien au priant, qu’à ceux pour qui il prie et qu’il doit prier. « Le monde entier » désigne les vivants et les âmes souffrant au Purgatoire. La récitation du Chapelet à la Miséricorde est donc un acte de charité envers les autres : les vivants et les morts, que nous portons devant le trône de la Miséricorde du Père. Or, faire miséricorde aux autres est une condition indispensable pour recevoir miséricorde de Dieu.
Promesses
Jésus a fait de grandes promesses à qui récite le Chapelet à la Miséricorde en esprit de confiance en Dieu et de charité envers autrui. La confiance signifie aussi persévérance : plus nous grandissons dans la confiance, plus nous devrions persévérer dans nos prières, ici dans la prière du Chapelet à la Miséricorde. Jésus promit à Soeur Faustine de pouvoir tout obtenir par ce Chapelet, mais Il n’a jamais dit que nos prières seraient exaucées tout de suite après un Chapelet récité, sauf pour la grâce d’une bonne mort. Certes, Soeur Faustine décrit dans son Petit Journal, des situations où elle a été exaucée tout de suite, aussitôt le Chapelet terminé : (voir, par exemple, l’apaisement brusque d’une tempête, P. J. 1731) ; sinon elle devait prier plusieurs Chapelets : elle le priait trois heures de suite pour implorer une pluie abondante qui a arrosé une terre assoiffée d’eau (cf. P. J. 1128). Lorsqu’elle priait le Chapelet au chevet des mourants, ou loin d’eux, pour leur obtenir une bonne mort, cette prière fut toujours exaucée. Parfois il lui a suffi de dire un Chapelet pour qu’ils expirent en paix, d’autres fois, il lui a fallu en dire plusieurs, tant la lutte de l’âme de l’agonisant avait besoin d’être soutenue contre Satan (P. J. 1035).
A la récitation confiante du Chapelet à la Miséricorde s’associe une promesse magnifique de Jésus qui dit à Soeur Faustine :Il me plaît de leur accorder tout ce qu’elles me demanderont en disant ce chapelet (P. J. 1541), si ce que tu demandes est conforme à ma volonté (P. J. 1731). La volonté de Dieu est l’expression de son amour envers l’homme. Tout ce qui la contrarie est, soit mauvais, soit nuisible à notre salut éternel. C’est pourquoi le meilleur Père ne peut nous l’accorder. Il ne vise que notre bien éternel. Cette promesse concerne aussi bien les biens temporels que les grâces nécessaires au salut.
Jésus a fait aussi des promesses particulières à qui récite ce Chapelet. Elles concernent la grâce d’une bonne mort et en paix, c’est-à-dire de mourir en état de grâce, sans être effrayé et terrassé par la peur de la mort. Jésus dit : A l’ heure de la mort, je défendrai comme ma propre gloire chaque âme qui récitera elle-même ce chapelet. Si d’ autres personnes le récitent auprès d’un agonisant, elles obtiendront le même pardon. Quand on récite ce chapelet auprès d’ un agonisant, la colère divine s’ apaise, l’ insondable miséricorde s’ empare de son âme… (P. J. 811). Notons la grandeur de la promesse de Jésus qui promet de donner la grâce d’une bonne mort, c’est-à-dire de la conversion et de la rémission des péchés à un mourant après la récitation d’un seul Chapelet à la Miséricorde Divine par lui seul ou ceux qui l’assistent, en esprit de confiance, donc de foi, d’espérance, d’amour, d’humilité, de contrition et de charité. Saisissons encore une fois ce don insigne de la miséricorde de Dieu qui veut se donner aux mourants, surtout pécheurs, par ce Chapelet : Tous ceux qui le diront obtiendront une grande miséricorde à l’ heure de leur mort (…) ; même le pécheur le plus endurci, s’ il dit ce chapelet une seule fois, recevra la grâce de mon infinie miséricorde dit le Seigneur Jésus (P. J. 687).
L’importance des grâces que Jésus donne par cette prière est exprimée aussi par cette autre explication du Christ donnée à Soeur Faustine :… quand tu récites ce chapelet, tu rapproches de moi l’ humanité (P. J. 929). Les prêtres le donneront aux pécheurs comme leur dernière planche de salut (P. J. 687).
s. M. Elżbieta Siepak ISMM
Traduction : s. M. Ancilla Miąsik ISMM
Voir l’entière analyse théologique du thème en question dans l’ouvrage : Ks. Ignacy Różycki: Nabożeństwo do Miłosierdzia Bożego (Dévotion à la Miséricorde Divine), Kraków 2008, str. (pp.) 105-115.
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Voir aussi le lien : L’histoire du Chapelet à la Miséricorde Divine.
Liens : Miséricorde – L’Histoire de la Dévotion à la Miséricorde Divine – Chapelet à la Miséricorde Divine