La contemplation de la Miséricorde au quotidien est un trait caractéristique de l’école de la spiritualité de sainte Soeur Faustine. Un éminent théologien français, A. Tanquerey, dit dans son ouvrage « Précis de théologie ascétique et mystique » que la contemplation acquise est une prière des sentiments simplifiée, un acte de simple regard de Dieu accompagné du sentiment d’admiration et d’amour. Un autre théologien polonais A. Żychliński affirme que les âmes qui parviennent à l’état de contemplation ne nécessitent pas de longues considérations ni investigations spirituelles, mais elles accèdent à une connaissance de Dieu plutôt spontanée, sans conclusions, c’est comme si elles se promenaient devant Dieu, et qu’elles aiment Dieu d’un amour intuitif en quelque sorte, tel un enfant qui chérit sa bonne mère. De telles âmes ont de la peine à comprendre comment il est possible de ne pas aimer Dieu, de vivre sans Lui.
Sainte Soeur Faustine enseigne à contempler Dieu dans la vie de tous les jours et à vivre en Sa compagnie. Elle écrit dans son « Petit Journal » : Je ne cherche pas le bonheur en dehors de mon être intérieur où demeure Dieu. Je jouis de Dieu à l’ intérieur de moi-même. Là, je demeure toujours avec lui, là est ma plus grande intimité avec lui, là je demeure en sécurité avec lui, à l’ abri des regards humains. La Sainte Vierge m’ encourage à me comporter ainsi avec Dieu (P. J. 455 ; cf. P. J. 1793).
Soeur Faustine pratiquait une simple devotion d’union à Jésus habitant dans son âme qui l’introduisait dans la contemplation même. Lorsque l’idée lui vint de changer cette pratique contre une autre, Jésus le lui interdit, voyant le grand profit spirituel qu’elle en avait tiré. Faisons de même, en récitant pendant la journée des oraisons jaculatoires, de courtes prières tels des élans d’âme qui vont à Dieu. Si nous persévérons à ce genre de prière, notre vie spirituelle va progresser, notre union personnelle d’amour avec Dieu va s’accroître, en nous conduisant à une participation plus généreuse à la vie et la mission du Christ-Jésus. C’est bien de cela qu’il s’agit : laisser Dieu pénétrer dans toutes les dimensions de notre existence, vivre avec Lui et en Lui. Écoutons sainte Soeur Faustine nous le confirmer : Avec lui, je vais à mon travail, avec lui je vais en récréation, avec lui je souffre, avec lui je me réjouis, je vis en lui et lui en moi. Je ne suis jamais seule, car il est mon compagnon de tous les instants. Il m’ est présent à chaque moment (P. J. 318). La contemplation de la Miséricorde ainsi pratiquée au quotidien n’exige ni une séparation du monde, ni les grilles d’un couvent austère… rien de cela : elle est accessible à toutes les vocations. Au temps d’une immense peur qui nous paralyse de toutes parts, de déstabilisation totale de valeurs, de manque de sécurité et d’amour, Dieu rappelle par la vie de sainteté de Soeur Faustine qu’il est possible de vivre en union profonde avec Lui dans la grisaille même du jour. Saint Jean, apôtre, l’a si bien défini dans son évangile : Dieu vint habiter au milieu de nous pour que nous aussi vivions avec Lui au plus profond de notre être.